jeudi 5 janvier 2017

UN CONTE DE LA BEFANA

Il y a eu et il y a encore des régions ou des pays où la distribution des cadeaux de Noël est assurée par une femme… Sainte Catherine passe parfois en Espagne offrir des friandises, la tante Arie en Franche-Comté, la Babouchka en Russie et la Befana en Italie…

En Italie, si les cadeaux sont désormais distribués à Noël, ils étaient autrefois donnés le 6 janvier, jour de l’Épiphanie, apportés par la Befana (une déformation du mot Épiphanie), décrite comme une vieille femme volant sur un balai telle une sorcière, la méchanceté en moins et le sourire en plus !

Il existe plusieurs légendes sur cette généreuse femme et nous vous proposons ci-dessous un conte…
 
Béphanie, dame de compagnie de Jésus

Je n'ai pas dit que Gelindo et Alinda avaient pris chez eux une brave jeune fille, orpheline de père et de mère, qui n'avait pas alors plus de dix ou douze ans. Elle se prénommait Epiphanie, mais eux l'avaient surnommée Béphanie parce que lorsqu'elle était arrivée chez eux, leur fille Aurélie l'avait acceuillie en disant :
- Beh ! Ca fait rien ! Ou il y en a pour quatre il y en a pour cinq !
Et c'est ainsi que Béphanie était venue trouver l'Enfant-Jésus pendant la sainte nuit. Et quand Gelindo a dû s'excuser - il devait rentrer chez lui car son travail l'attendait - il a pensé qu'une commissionnaire ou une dame de compagnie, même petite, serait utile à la Sainte Famille pour lui donner un coup de main dans les tâches quotidiennes.
C'est ainsi qu'il dit à Béphanie :
- Reste ici avec eux !
Et Béphanie fut pour l'enfant, la Madone et saint Joseph une commissionnaire et une dame de compagnie comme on n'en trouve plus aujourd'hui. Et peut être n'aurait elle plus quitté le petit trésor qu'était Jésus si ce roi - appelé Hérode - n'avait pensé à venir lui causer des tracas. Un jour, l'Enfant-Jésus prit à part Béphanie et lui dit :
- Ecoute ! Je dois partir maintenant et quitter cet endroit car Hérode veut me faire du mal. Ici, vois-tu, il y a encore tant de cadeaux à apporter aux enfants sages. Je n'en peux plus ! Je te laisse le soin d'y pourvoir !
En parlant, l'Enfant-Jésus avait posé sa petite main sur le front de Béphanie qui l'avait écouté en pleurant. Et grâce à la chaleur caressante de la sainte menotte, Béphanie se transforma en un bel ange blanc. Beau, vraiment beau !
L'Enfant-Jésus partit, dit-on, pour l'Egypte. Il partit au bras de sa mère, en croupe sur l'âne que Gelindo leur avait offert pour qu'ils pussent traverser rapidement la frontière. Et Béphanie depuis ce jour - le jour où le monde a su que Jésus était né, le jour où les pauvres gens lui ont voulu du bien, le jour où les puissants lui ont voulu du mal, - c'est depuis ce jour que Béphanie, tous les ans au six janvier, monte et descend par les conduits de cheminée pour porter aux enfants sages les cadeaux laissés, la nuit de Noël, par l'Enfant-Jésus.
Et depuis presque deux mille ans la fumée des cheminées salit on antique vêtement d'ange qui à l'origine, était blanc et maintenant est devenu tout noir et rapiécé.
A force de monter et de descendre par les conduits de cheminée cet ange de Béphanie s'est trouvé pourvu d'un menton en galoche et d'un nez aquilin. Et c'est justement à cause de son vêtement noir et rapiécé, de son nez aquilin et de son menton en galoche que la méchanceté de certaines personnes traite - par ignorance - la brave Béphanie comme si elle était une fée ou même une vraie sorcière... Non ! Béphanie est un ange.
 
Conte du Piémont de Brero C., Conte, faule e legende da tradission popolar piemontèisa
Extrait du livre Aux origines du monde, Contes et légendes d'Italie (réunis par Galina KABAKOVA) aux éditions Flies France

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